La journée était exceptionnelle. Non parce que le soleil brillait avec une intensité particulière ce jour-là, ni parce que tout le monde se réjouissait de prendre part à la fête. Non, c’était parce que j’étais sur le point de vivre quelque chose de très personnel. La famille tout entière était là pour m’entourer : mon père, ma mère, et mon frère aîné se réjouissaient et m’encourageaient dans ma démarche.
Cela faisait des mois, et même deux années que mes parents m’avaient mis au défi de faire ce pas. « Il est vraiment grand temps maintenant de prendre cette décision », m’avaient-ils dit avec fermeté. Mais ils ne m’avaient pas forcé la main. Ils voulaient que je prenne moi-même la décision qui s’imposait et que j’en assume pleinement les conséquences.
Nous sommes sortis de la maison pour aller dans le jardin. Mon père avait apporté une grande corbeille remplie de papier et n’avait pas oublié les allumettes. Dès qu’il eut soigneusement mis le papier en place, il y mit le feu. Lorsque les premières flammes apparurent, j’y jetai cet objet auquel je tenais tant.
Qu’est-ce que c’était ? Quel âge est-ce que j’avais alors ? J’avais cinq ans et c’était ma sucette en caoutchouc que j’avais décidé de brûler ; cette chose qui m’avait jusqu’alors donné un sentiment de sécurité. Je n’étais jamais allé au lit sans cette habitude de bébé. Maintenant ma sécurité partait en flamme et je devais apprendre à vivre sans elle.
Mais j’avais pris le risque de la détruire dans un acte de volonté personnelle. Avec beaucoup de sensibilité mes parents m’avaient convaincu de m’en débarrasser définitivement. Bien sûr, ce jour-là allait devenir le précurseur de beaucoup d’autres. Il faudrait que j’abandonne petit à petit mes sécurités familières et que je place ma confiance en Dieu pour toute situation nouvelle.
C’est ce que j’ai fait lorsque j’ai abandonné ma carrière de chimiste afin de suivre une formation en théologie pour le ministère auquel le Seigneur m’appelait.
Ou quand j’ai vendu ma belle petite voiture de sport rouge pour quitter mon pays et me rendre en Afrique sur le champ missionnaire.
Ou encore quand j’ai soldé mon compte bancaire et donné jusqu’à mon dernier centime à une œuvre missionnaire.
Nous pouvons tous faire la liste de choses sur lesquelles Dieu a mis le doigt dans nos vies au cours des années.
Le Seigneur crée de nouvelles situations dans nos vies à travers lesquelles Il nous met au défi de renoncer à nos propres sécurités. Il veut que nous repartions à zéro avec une confiance renouvelée en Lui. Si nous faisons ces pas d’obéissance, nous devenons de plus en plus semblables à Lui et Il nous conduit dans ses voies. N’ayez pas peur qu’Il vous prenne quelque chose qui vous empêche d’avancer. Il n’a pas d’autre désir que de vous donner ce qu’il y a de meilleur.
Merci, Seigneur pour tous ces moments où tu as fait passer mes sécurités par le feu. Lorsque tu me demanderas de renoncer à autre chose, aide-moi à obtempérer avec joie parce que je veux coopérer avec toi.
Source : Echos de la vie de Rudi Lack